L’OMM a livré le 28 février la caméra infrarouge du spectropolarimètre SPIRou.
SPIRou est un projet international piloté par la France, et impliquant, outre le télescope Canada-France-Hawaii (TCFH), le Canada, la Suisse, le Brésil, Taïwan et le Portugal. Il s’agit d’un spectropolarimètre doublé d’un vélocimètre de haute précision optimisé pour la détection des exo-Terres habitables autour d’étoiles naines rouges, ainsi que pour l’étude de la naissance des étoiles et des planètes.
En plus d’être un spectropolarimètre, c’est-à-dire un instrument capable de décomposer la lumière des astres dans ses couleurs et dans ses modes vibratoires élémentaires, SPIRou est un vélocimètre de haute précision, pouvant enregistrer les infimes mouvements d’une étoile témoignant de la présence d’une planète en orbite, à la manière d’un radar routier qui flasherait, non pour un excès de vitesse de l’étoile observée, mais pour des variations régulières et périodiques de sa vitesse. SPIRou pourra ainsi partir à la recherche des jumelles de la Terre dans les systèmes planétaires des étoiles naines rouges voisines du Soleil. Les atmosphères de ces planètes jumelles pourront ensuite être scrutées, avec le nouveau télescope spatial en gestation, à la recherche d’eau et autres biomolécules associées à la présence de vie. SPIRou pourra aussi déchiffrer les mystères de la naissance des étoiles et des planètes, en observant pour la première fois les champs magnétiques de mondes nouveaux-nés d’à peine quelques centaines de milliers d’années.
Sur le plan technologique, SPIRou est aussi un défi d’envergure. Il doit fonctionner dans l’infrarouge pour observer au mieux les astres froids que sont les étoiles naines rouges. Cela nécessite de plonger le cœur de l’instrument, le spectromètre, dans un cryostat refroidi à la température de l’azote liquide (-200 °C) pour éviter que le rayonnement thermique ambiant, omniprésent dans l’infrarouge, n’éclipse la lumière stellaire très ténue que l’on souhaite décrypter. De plus, pour permettre de détecter les mouvements nanométriques des spectres qui trahiront la présence de Terres habitables, la stabilité thermique du cryostat doit être exceptionnelle et garantir une température constante à une précision de quelques millièmes de degrés.
SPIRou est un projet piloté par la France, et impliquant, outre le TCFH, l’Observatoire du Mont-Mégantic au Québec, la Suisse, le Brésil, Taïwan et le Portugal. Son budget de 10M€ et coût de construction de 4M€ reflètent l’enjeu scientifique majeur qu’il représente. SPIRou est en cours d’intégration finale et de tests à Toulouse et sera livré très prochainement au TCFH. L’OMM est responsable du cœur de l’instrument : sa caméra infrarouge ultrasensible.