Laurent Drissen, professeur à l’Université Laval, porte deux chapeaux cosmiques. D’une part, il se penche sur la vie des étoiles massives, ces géants brillants de l’Univers, pour comprendre leur parcours et leur impact. D’autre part, il conçoit des outils de pointe pour explorer le ciel au-dessus de l’Observatoire du Mont-Mégantic.
Le travail de Laurent révèle des secrets cachés parmi les étoiles. Imaginez que vous utilisiez des télescopes spéciaux pour analyser la lumière des étoiles et que vous découvriez la présence de rares étoiles Wolf-Rayet dans une galaxie lointaine appelée M33. Grâce au télescope Canada-France-Hawaii, il a confirmé la présence de nombreuses étoiles Wolf-Rayet dans les régions HII géantes de la galaxie spirale, notamment NGC 604, NGC 595 et NGC 592. Ces étoiles sont comme des superstars cosmiques, et les recherches de Laurent, souvent en collaboration avec d’autres scientifiques canadiens, ont permis de découvrir leur histoire. Il a également utilisé de puissants instruments pour scruter le cœur de galaxies situées à des millions d’années-lumière, à la recherche d’indices sur la composition chimique de l’espace et pour cartographier le mouvement de gaz mystérieux. En collaboration avec le chercheur postdoctoral Leonardo Ubeda et le télescope spatial Hubble, il a dévoilé la structure complexe et l’histoire de la formation des étoiles sur une période de cinq millions d’années.
Mais il ne s’agit pas seulement de ce que nous voyons. Le travail de Laurent s’étend à ce que nous ne pouvons pas voir directement : les champs magnétiques des étoiles massives, révélés par une technique appelée spectropolarimétrie. En collaboration avec Gregg Wade et Véronique Petit, étudiante au doctorat, le professeur Drissen a utilisé la spectropolarimétrie pour détecter les champs magnétiques dans les étoiles massives de la nébuleuse d’Orion, offrant ainsi un aperçu inestimable des forces qui façonnent ces géants célestes. Comme ces champs magnétiques sont comme des fils invisibles qui influencent le comportement des étoiles, leur étude est importante pour comprendre l’évolution des étoiles Wolf-Rayat.
Le professeur Drissen ne se contente pas d’étudier le cosmos, il est également l’inventeur d’instruments qui collectent la lumière pour générer des données d’observation! SpIOMM, un spectromètre imageur à transformée de Fourier conçu principalement par son ancien étudiant au doctorat Frédéric Grandmont, est le fruit d’une collaboration entre l’Université Laval, l’Institut national d’optique, ABB-Bomem et l’Agence spatiale canadienne. SpIOMM permet de capturer des spectres sur un large spectre, de 350 à 850 nanomètres, avec une résolution spectrale typique allant de 100 à 2 000, s’étendant théoriquement jusqu’à un impressionnant 25 000. Il a été validé par des observations réussies dans les conditions difficiles de l’observation au télescope et vise à fournir des cartographies détaillées des lignes d’émission dans les objets célestes étendus, tels que les nébuleuses galactiques, les galaxies riches en gaz et les amas de galaxies.